HITLERUne étude performanceEnglish |
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Conception et performance : Enrique Pardo Regard externe : Linda Wise Présentée avec differents musiciens depuis juillet 2010 : Pierre-François Blanchard, Saso Volmaier, Jonathan Balmefrezol et Sarmen (PHOTOS = janvier 2012 UCLAN, Preston, UK.)
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Je suis né un an, quatre mois et trois jours après que Hitler se soit suicidé dans son bunker de Berlin. J'ai grandi au Pérou, où beaucoup de gens admiraient encore Hitler et se méfiaient des Juifs. Je me souviens d’instances lors de mon enfance. Plus tard à l'école on nous a montré des images filmées de l’Holocauste: Auschwitz, les bulldozers poussant des montagnes de cadavres squelettiques dans des fosses communes. J'avais treize ans et j'étais totalement perturbé, abasourdi et hanté par ce que j'avais vu. Qu'est-ce que j'étais sensé faire de tout cela? Vers 24 ans, à Londres, après les beaux-arts je me suis mis à faire du théâtre et j’ai suivi un directeur-guide charismatique: Roy Hart. Il était juif, et la "performance" d'Hitler était un thème récurrent. On pourrait résumer ce qu'il a appelait singing («chanter»), et sa philosophie de la voix, comme suit:. « Si tu ne chantes pas Hitler - Hitler risque de te (faire) chanter (de t’enchanter.) » J’ai maintenant plus de 65 ans, l'âge de la soi-disante retraite, et je tenais à affronter Hitler avant qu'il ne soit trop tard. C'est ma façon aussi de dialoguer avec les esprits de tous ceux qui ont été pris dans les engrenages de cet effroyable cauchemar, et de leur « payer mes respects », dans la brûlante réalisation que seulement une année, quatre mois et trois jours me séparaient de la présence trop réelle de Hitler sur notre terre. Il s'agit d'une performance laboratoire – une navigation en eaux troubles et dangereuses que je médite et fantasme depuis des années. Quand j’ai décidé d’entreprendre les premières performances, je le faisais sans répétition : je préparais l'espace scénique et un vague canevas avec des scènes spécifiques, et je passais à l’acte directement. Je passais de l’ « oratoire » - la préparation sous forme de prière rhétorique et fantasmatique - à la performance laboratoire. Je ne peux pas passer trop de temps dans l'enfer de ces mémoires, trop de temps à faire face à ce que Anna Griève appelle «le mal radical» - son livre Les Trois Corbeaux - ou la science du mal dans les contes merveilleux m'a énormemment aidé avec cette entreprise. Après la performance à l'Université de Central Lancashire, à Preston, en janvier 2012, j’ai décidé de réorganiser le matériel en représentation – avec l’œil externe de Linda Wise. Je tiens à exprimer toute ma gratitude à ceux qui ont soutenu (et supporté !) ce projet. Linda Wise, tout d'abord, qui m’a souvent entendu répéter dans mon sommeil – ou dans le sien. Nick Hobbs, qui a amassé une énorme documentation sur l'Allemagne nazie qui a aussi hanté mes travaux. Les musiciens qui ont accepté d’improviser avec moi. Un livre sur lequel je suis tombé dans une braderie au Chili : Götz Aly: L’Utopie Nazie: Comment Hitler a acheté les Allemands : Le III Reich, une dictature au service du peuple. Liza Mayer, qui admirait Churchill - et pour cause! James Hillman, qui a levé les sourcils quand je lui ai dit que je jouais Hitler - "Bien sûr !" a-t-il dit : "la voix!" Et le Grand Pan qui n’est jamais bien loin quand je confronte Hitler. Enrique Pardo |